
Marrakech, située à 242 km au sud de Casablanca, est l’une des merveilleuses villes de notre monde. C’est un joyau, où nature et culture font bon ménage. La ville aux trois couleurs par excellence : ocre rouge, pour la couleur de sa terre, dont s’imprègne fortement son architecture ; verte, pour la couleur de son oasis, étalée en tapis verdoyant tout le long de sa vallée, et blanche, avec la robe que lui offrent les montagnes enneigées de l’Atlas durant l’hiver.
Un mot d’histoire
Une ville millénaire par excellence. Son site charnière entre le monde du désert et celui de l’Atlas, ne pouvait laisser ses fondateurs insensibles à son charme et à sa valeur. Les Mourabitines ou les Almoravides, un groupe amazigh, issu des Sanhadja, pieux guerriers et austères savants, ayant bâti leur empire aux confins du désert, ne pouvaient contourner ce site stratégique pour leur extension vers le nord. Ils succombèrent vite devant son charme et durent rapidement apprécier la valeur géostratégique de son emplacement. Ils y fondèrent en 1062 (454h) Marrakech, ou terre de Dieu, (Mour, étant terre en tamazight, et Akouche, Dieu). Très vite, la ville de Marrakech s’imposa comme capitale de l’empire des Almoravides, étendu du Sénégal au sud, jusqu’au centre de l’Espagne, au nord. Marrakech, devait dès sa fondation, jouer un rôle rayonnant et capital, en tant que centre commercial et culturel, et passage stratégique ponctuant l’un des principaux parcours caravaniers. Moins portés sur le faste, ses maîtres devaient édifier surtout des medersas, des mosquées et de modestes demeures. C’est là que l’arc polylobé fit son apparition et vint marquer le style almoravide, ayant rayonné au Maghreb et en Espagne, entre le XIe et le XIIe siècles. Aussi, l’architecture défensive fut remarquable ; de celle–ci subsiste encore une partie des remparts de la fameuse médina.
Les Mouwahidines ou les Almohades, un autre groupe amazigh du Haut-Atlas, issu des Zenâta Masmouda, s’emparèrent de la ville en 1147. Ils firent de Marrakech, un centre de rayonnement scientifique, culturel et commercial, et un grand centre au sein de leur vaste empire qui s’étendait sur tout le Maghreb et l’Espagne (entre le XIIe et le XIIIe siècles). Un riche mouvement d’édification architecturale fut entamé. Beaucoup de scientifiques et de savants de renommée, s’y rendaient, dont Averroès, Ibn Tofayl, etc. Un remarquable système d’irrigation de la palmeraie fut implanté. Un hôpital de renommée, des medersas, des mosquées, des palais, des bibliothèques, dont la fameuse Al Koutoubia, témoignent du haut niveau culturel atteint, et donnaient au style hispano-mauresque, libre cours pour s’y développer et s’y épanouir.
Avec l’arrivée du groupe amazigh des Mérinides, vers le la moitié du XIIIe siècle, et aux époques des royaumes successifs, d’abord des Saadiens (dès le XVIe s.), puis des Alaouites (dès le XVIIe s.), des périodes moins stables sont venues déclasser le rôle et le statut de Marrakech, au profit de Fès.
L’occupation française devait dès 1912, amorcer une nouvelle ère avec la soumission de Marrakech au protectorat durant les 44 ans suivants. Après l’indépendance du Maroc en 1956, Marrakech retrouva le statut d’un grand centre culturel et commercial au sein du royaume. Elle est la 4e plus grande ville du Maroc. Elle ne cesse de susciter l’intérêt de tous, touristes, intellectuels, politiciens, investisseurs et artistes.
Ville et architecture
Le patrimoine architectural de Marrakech, traduit fidèlement la mosaïque des styles et œuvres qui y ont régné, à travers les différentes époques de son histoire.
Le gros du patrimoine médiéval, initié sous les Almoravides et développé sous les Almohades, appartient au style andalou-maghrébin, connu aussi par le style hispano-mauresque. La plupart de ses chefs d’œuvres sont concentrés dans la médina, ville historique, comme la célèbre mosquée Koutoubia. La médina de Marrakech demeure le centre d’intérêt historique sans égal. Elle s’étale sur une superficie de 600 ha. C’est une véritable forteresse, protégée par un rempart de 19 km. Elle témoigne d’une architecture forte et célèbre. Elle contient la plupart des monuments prestigieux, dont : les célèbres demeures à cour, connues sous le nom de Riyad, les fameux souks, ou places de marchés, les principaux centres de métiers et d’artisanat, etc. La médina a eu le mérite d’être classée patrimoine universel par l’UNESCO en 1985. Le jardin de la Ménara est un véritable chef d’œuvre qui abrite un collecteur d’eau acheminée depuis les montagnes, et abrite un système d’irrigation ancien très ingénieux. Djamaa Lafna, demeure la place la plus populaire et la plus animée, grâce aux multiples activités qui s’y déroulent et les célèbres marchés qui y sont installés.
En dehors, et non loin de la médina, vient le quartier administratif du Guéliz, résultant de l’extension coloniale. Il abrite la plupart des bâtiments administratifs et témoigne de l’apport de l’architecture coloniale.
Au sud-ouest de ce dernier, le quartier hivernage, un plus récent quartier est né pour accueillir les majestueuses villas et les fameux hôtels de luxe, ainsi que quelques célèbres équipements culturels.
Depuis, la ville ne cesse de se développer, laissant naître de nouveaux quartiers périphériques, dont la ville nouvelle de Tamansourt à 10 km ; ceux-ci viennent répondre aux besoins résidentiels et d’urbanisation pressants.
La palmeraie de Marrakech demeure un joyau naturel où s’étale un tapis verdoyant de palmiers.
Ville et culture
Depuis, Marrakech ne cesse de prendre de l’importance et de jouer un rôle de premier rang, en matière de culture, tourisme et d’économie. La ville abrite une de plus célèbres universités du Maroc, l’université du Cadi Ayad. Elle ne cesse d’attirer de nouveau établissements universitaires spécialisés et de standard mondial. Marrakech est depuis surtout 2005, le pôle culturel qui attire de plus en plus de festivals culturels de renommée mondiale dans les domaines du cinéma, de la chanson, de la mode, etc. Elle ne cesse d’attirer des personnalités du monde de l’art, des écrivains et des Hommes politiques, qui, attirés par son charme, décident d’en faire leur lieu de retraite, comme le célèbre designer français Yves Saint Laurent.
Qui peut résister au charme et à l’attraction de Marrakech, et qui ne rêverait de la voir ! Une ville qui combine nature et culture, patrimoine et modernité. Une ville qui est à la fois active, grâce à son rythme culturel très dynamique, et à la fois paisible grâce à sa nature, sa palmeraie et ses hauts lieux de villégiature.
Et, pour finir, écoutez Meryem Belmir et Nouamane Lahlou chanter Marrakech.

Professeur et expert consultant en urbanisme et en sciences sociales, l’auteur Brahim Benyoucef détient un doctorat en urbanisme et aménagement (Université de la Sorbonne Paris IV), et il est diplômé en sciences sociales et civilisations orientales (Université de la Sorbonne Nouvelle Paris III). Il possède à son actif plus de 30 ans d’expérience dans les domaines de l’enseignement universitaire, recherche scientifique et expertise internationale.