Politique et gouvernance à l’ère du Covid-19

À chaque crise, l’humain s’adapte pour apporter des solutions, puisant dans son répertoire d’expériences, et usant de son génie, pour surmonter les effets de la crise et contourner ses risques. La crise offre ainsi, une occasion pour renforcer la protection des espaces et des sociétés, avec de nouvelles solutions réinventées, que l’homme improvise. Souvent, ces solutions s’installent définitivement, en totalité ou en partie, et amorcent des mutations profondes des modes de vie et de gouvernance. La résilience, dépend des facteurs de protection. Plus, l’immunité des espaces et des sociétés, est renforcée, plus leur capacité de résilience augmente.

Mais, qu’est ce qui change ?

Pour combattre la propagation, la solution majeure qui fait l’unanimité, s’articule autour de la distanciation sociale, de l’isolement et repli (confinement), et du contrôle sanitaire, même à distance.

En politique, les frontières longtemps mises à mort, à l’ère de la mondialisation, surtout en matière de circulation des biens, reviennent en force. Le repli vers les intérieurs (pays, villes, et habitations, etc., selon l’échelle), comme moyen préventif, fait valoir plus que jamais le rôle des limites et des frontières, dans la protection des espaces et des sociétés.

En politique, aussi, la mondialisation tellement vantée, perd ses premières plumes, lorsqu’elle perd son éthique, à la première épreuve. L’absence de solidarité entre les pays, parfois du même espace, (l’Union européenne par exemple, etc.) ; le détournement des cargaisons de matériel de protection, devenu opération courante ; l’admission sélective aux soins, sur base de l’âge, sacrifiant les plus âgés, etc., sont là, pour témoigner du dérapage éthique.

En matière de gouvernance, les gouvernements du monde sont confrontés à improviser rapidement et sur le tas, de nouvelles façons pour gérer la crise et combattre la propagation du virus. Le plus grand défi, demeure, celui d’aplatir ou d’aplanir la courbe de progression, pour étaler dans le temps la progression, et éviter au système de santé, d’être débordé, si les besoins en soins dépassent les capacités des hôpitaux. L’activation d’une cellule de crise ; la communication des gouverneurs en direct, sur une base régulière ; le suivi en temps réel de la progression ; et la souplesse de prise de décisions, au rythme des évènements ; les mesures spéciales et la règlementation en temps réel ; l’encadrement légal ; l’organisation sécuritaire ; la gestion des foules, des magasins et de l’activité publique ; l’application et la gestion de la quarantaine à l’échelle des villes et régions ; le soutien économique des revenus de personnes et de ménages ; la gestion rigoureuse du secteur de la santé et son approvisionnement ; la régulation de l’activité et la gestion des équilibres entre services essentiels et possibilités d télétravail ; l’implication des sociétés privées dans la fabrication de matériel de protection, etc., sont toutes des actions qui alimentent ce répertoire de nouvelles pratiques, qui, certainement s’installeront, en partie ou en totalité, pour modifier le cours des choses, et les modes de gouvernance.

Le fait remarquable sur le plan sécuritaire, est le piétinement flagrant sur le territoire privé, justifié par la crise : contrôle des foules, de la santé, des déplacements, contrainte des déplacements, etc. Ces faits, vont certainement marquer la sécurité et la vie privée à jamais.

Dans tous les cas, l’obligation de procéder avec des évaluations de risques dans tous les projets, va certainement élever les niveaux, de gouvernance de protection et de planification.

Dr Brahim Benyoucef,

Le 5 avril, 2020

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