
À chaque crise, l’humain s’adapte pour apporter des solutions, puisant dans son répertoire d’expériences, et usant de son génie, pour surmonter les effets de la crise et contourner ses risques. La crise offre ainsi, une occasion pour renforcer la protection des espaces et des sociétés, avec de nouvelles solutions réinventées, que l’humain improvise. Souvent, ces solutions s’installent définitivement, en totalité ou en partie, et amorcent des mutations profondes des modes de vie et de gouvernance. La résilience, dépend des facteurs de protection. Plus, l’immunité des espaces et des sociétés, est renforcée, plus leur capacité de résilience augmente.
Mais, qu’est ce qui change ?
Pour combattre la propagation, la solution majeure qui fait l’unanimité, s’articule autour de la distanciation sociale, de l’isolement et repli (confinement), et du contrôle sanitaire, même à distance.
Sur le plan spatial, on passe des fortes densités et de la concentration, à la dispersion. En urbanisme, l’étalement longtemps combattu, en faveur des densités, beaucoup plus rentables, revient comme option enviable. Toutefois, le télétravail pourrait minimiser les coûts des déplacements, et aplatir ou aplanir les courbes de congestion. Dire, que jamais l’humain n’a eu besoin d’un urbanisme diffus et discontinu, avec de faibles densités, que maintenant. Les cités-jardins, les cités du Mzab, l’urbanisme oasien, etc., sont tous des modèles, qui plus que jamais, prouvent leur ingéniosité. Ils réussissent parfaitement les équilibres, entre nature et culture.
En architecture et urbanisme, l’urbanisme moderne sous son volet hygiénique est toujours d’actualité et d’avant-garde, en ce qui a trait aux normes et règles d’hygiène, (largeurs des voies, exposition, rapport bâti/espace libre, nature et construction, etc.), toutefois, le logement de masse, largement généralisé, fait défaut en ces temps de pandémie, non seulement par rapport à sa densité et concentration, mais à son étroitesse et conception, qui ne peut assurer le confort psychique, exigé au moment du confinement. Le retour au modèle de l’habitation traditionnelle, dans une version moderne, assurant des réponses au besoin de confort, de lumière et d’aération, peut-il en être envisagée ?
De l’ordre de proximité et de la concentration, à l’ordre de la distanciation, il y a tout un renversement de situation.
L’humain se trouve confronté à des défis, et appelé à répondre à de nouvelles exigences : comment se protéger et protéger le service, dans les lieux publics ? Plexiglas, pour séparer entre les caisses et les clients ; gel, savon et lavabo à l’entrée des magasins ; gestion des files à l’entrée des magasins ; fixation d’un ratio acceptable, surface/client, pour indiquer le nombre de clients à admettre à la fois à l’intérieur du magasin, pour respecter les normes de 2 mètres de distanciation ; suggestion de pas distancés de 2 mètres au sol pour diriger les clients, etc.
Comment réorganiser les distances, revoir le mobilier des parcs, la disposition des sièges dans les transports publics, dans les lieux publics : restaurants, magasins, etc. ? Comment revoir la démarche dans les lieux publics ?
Revenir à l’étalement, longtemps combattu, mais au risque conséquent d’une augmentation des coûts des transports collectifs, et augmentation des coûts de déplacement. Apaiser la congestion et réguler le trafic, grâce au télétravail ? Revoir l’espace habitation, versus collectif ? Sont toutes des options soumises au débat et à l’expérimentation.
Dans tous les cas, l’obligation de procéder avec des évaluations de risques dans tous les projets, va certainement élever le niveau de gouvernance et de planification.
Dr Brahim Benyoucef,
Le 5 avril, 2020