Le questionnement : clé d’un projet de recherche efficace

Souvent, des étudiants doctorants me soumettent leur projet de recherche pour avis, se contentant de me présenter un vague titre qui veut dire tout et rien à la fois. Je constate d’abord que le titre est souvent la première préoccupation des chercheurs et ils ne sont soulagés que lorsqu’ils le mettent précipitamment sur la table, alors qu’il est supposé être l’aboutissement de tout un processus de réflexion.

Mais par quoi commencer ?

Aucune recherche ne peut démarrer sans un questionnement. Poser correctement la question du projet est le premier geste pour démarrer la recherche.  Le questionnement n’émane pas du néant mais sous-tend un intérêt de recherche bien défini, se référant à une connaissance préalable.  C’est en mots simples : poser la question du problème que la recherche en projet viendrait résoudre. Le questionnement justifie alors la raison d’être du projet de recherche.

Mais d’où naît l’intérêt ?

Les intérêts de recherche se développent et se précisent spontanément tout au long du parcours d’apprentissage, à partir des diverses lectures, des connaissances acquises et des expériences personnelles, etc. Au démarrage de la recherche, une immersion dans l’espace théorique et/ou dans la réalité du terrain se rapportant au domaine de recherche, peut s’avérer très utile. Mais avant cela, il faut délimiter le domaine de recherche.

Quelles sont les principales étapes pour élaborer une problématique ?

1.     Délimiter le domaine et le contexte de recherche

  • Identifier un ou des domaines thématiques d’intérêt ;
  • Circonscrire et préciser le domaine thématique, grâce au jeu de décomposition et de subdivision; exemple en matière des études et recherches urbaines, subdiviser le grand domaine (urbanisme) en sous domaines thématiques, dont :
    • Les aspects de croissance urbaine ;
    • Les aspects d’organisation et de gestion urbaine ;
    • Les aspects de la composition et de l’architecture ;
    • Les aspects de la mobilité et des transports ;
    • Les aspects de l’environnement ;
    • Les aspects de l’organisation institutionnelle ;
    • Les aspects de la gouvernance et de la participation citoyenne ;
    • Les aspects de la culture urbaine ;
    • Les aspects de la communication sociale ;
    • Les aspects de la planification ;
    • Les aspects de l’économie urbaine et de la fiscalité ;
    • Les aspects des infrastructures et réseaux ;
    • Les aspects des théories et de la modélisation ;
    • Les aspects d’histoire et de patrimoine, etc. ;
  • Procéder ensuite avec une pré-évaluation et classification selon un ordre de priorités et d’intérêts ;
  • Au besoin, poursuivre l’exercice de décomposition, jusqu’à ce que le domaine thématique d’intérêt se précise bien ;
  • Au besoin, opter pour une thématique moins linéaire ; soit une thématique composée et complexe à partir du croisement de deux domaines ou plus, en vue d’étudier une possible corrélation, notamment de type causes à effets ; à l’exemple du rapport entre forme urbaine et mode de transport urbain, etc. ;
  • Définir le contexte problématique: grâce à une connaissance préalable tirée de lectures sommaires ou de pré-enquêtes, définir les principaux enjeux s’y rapportant, qui justifient la pertinence du projet de recherche et légitiment son questionnement.

2.     Formuler la problématique

C’est l’étape fondamentale et le point de départ de la recherche.  Elle permet de cerner d’une manière cohérente et consciente le problème que la recherche tend à résoudre.

Elle consiste à la formulation d’un questionnement autour des préoccupations majeures, que soulève le problème. Ce questionnement posé par un spécialiste est différent de celui posé par un profane en la matière. C’est un questionnement avisé, aux questions structurées et relevant d’une connaissance générale et préalable du problème. Ce ne sont donc pas des questions neutres ou absolues ; mais elles émanent de connaissances théoriques, de lectures et recherches documentaires préalables ou d’une observation sommaire du terrain.

Les problèmes sont tellement variés qu’il est nécessaire de cerner la spécificité de chacun et de définir son degré d’autonomie et d’interdépendance, afin de le placer dans son contexte théorique et de le traiter avec les outils et les instruments les plus appropriés. quatre principes d’or à observer pour vous faciliter la tâche :  la simplicité, la clarté, la concision et la cohérence.

3.     Délimiter le cadre théorique

C’est définir la perspective théorique de la problématique. Les préoccupations de recherche doivent s’inscrire dans un cadre théorique référentiel, qui constitue le cadre d’orientation et de référence de l’analyse. Ceci nécessite une exploration au  préalable des modèles théoriques et des approches et, une comparaison critique afin d’évaluer la pertinence de chacune par rapport au contexte problématique.

Des hypothèses de travail en guise de réponses anticipées peuvent selon le cas être avancées. Le processus de recherche consisterait alors à les vérifier. Aussi, des concepts en termes d’outils théoriques sont à définir, afin de rendre le processus de recherche opérationnel.

La problématique demeure fondamentale, pour la délimitation, le dimensionnement de la recherche et pour l’orientation du processus d’analyse et de recherche.

Le 13 juillet 2013